La forêt aux bruits

Il s’appelle Michel. Il a douze ans. Il va au collège tous les matins. Il fait le chemin à pied et pour ça, il doit passer par une forêt charmante et ensoleillée. Ce matin, il passe dans cette forêt une nouvelle fois mais cette fois il entend des bruits comme des grincements de portes tout autour de lui. Il arrive à la lisière de la forêt et se dit qu’il a dû rêver. Derrière lui, les arbres bougent, la forêt se réveille.

Le soir, Michel repasse dans la forêt et elle semble moins laisser passer le soleil, comme si elle se refermait sur elle même. Il entend les même bruits que la dernière fois accompagné de bruits de pas et de chuchotements. La forêt lui semble plus longue à parcourir. Il a l’impression que quelqu’un l’observe. Derrière lui, la forêt s’allonge, les arbres poussent. Elle se transforme, prend de l’ampleur : la forêt récupère ses forces.

Michel dort mais un cauchemar le hante : il est coincé dans la forêt dans une obscurité presque totale. Il entend des espèces d’incantations produites par des voix non humaines. Une créature arrive, il entend des bruits de pas. Il la sent s’approcher. La créature ne respire pas. Il se retourne et voit... Il se réveille en sursaut mais se rendort quelques minutes plus tard.

Michel passe dans la forêt, un peu inquiet à cause du cauchemar. Soudain, plusieurs arbres se cassent derrière lui, lui bouchant l’entrée. Il entend des incantations autour de lui, il court vers la sortie mais la forêt semble s’étendre sur des kilomètres. Il a l’impression de courir sur place. Il crie de toutes ses forces. Il entend soudain des enfants criant « Pars et ne revient jamais ». Les incantations s’arrêtent et le bois redevient normal. Il court vers la sortie.

Le soir, Michel n’arrive pas à se souvenir la traversée de la forêt. Il repasse dedans joyeux puis quelques mètres plus tard se souvient et essaye de courir vers la sortie, mais trop tard. La forêt se referme déjà sur lui. Les incantations recommencent, plus fortes, et il entend des bruits de pas. Les enfants crient. La créature est là. Les arbres poussent soudain à une vitesse phénoménale, cachant le soleil, les plongeant dans une obscurité presque totale.

Michel, terrifié, ne voit presque rien. Il voit soudain deux yeux rouges se déplacer autour de lui. Il tente de fuir mais la forêt n’a plus de fin. Il se prend les pieds dans des racines anormalement grosses, se cogne contre des arbres n’existant pas il y a quelques secondes. La créature se rapproche anormalement vite. Il sent quelque chose lui attraper les pieds puis le prendre tout entier. Les enfants disent « trop tard ».

Le lendemain, plus personne ne se souvenait de Michel. Ses parents n’avaient jamais eu d’enfant et ses amis ne connaissaient aucun Michel. Il avait rejoint les voix. C’était toutes les voix des oubliés que la forêt avait mangés. Quant à la forêt, elle redevint normale. Elle attendait un nouvel enfant.

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